jeudi 18 septembre 2008

As-tu ébloui ma spirituelle ?

Créature, folle âme,
Ma dame, d'une grotte sombre,
M'as-tu retenu reclus ?
As-tu battu mes passions ?
Jalouse, d'une blanche éclipse
As-tu ébloui ma spirituelle ?
As-tu ? As-tu ? ...
Oui...
Tu as...

Tu as, faussement fragile, tissé tes rets,
Autour de mes pensées,
A petit feu étouffé mes passions,
A gros bouillon exulté mon cœur,
A flôts de lave, extirpé ma vie,
A coup répétés, tronçonné mes heures,
A sons suraigus éclaté mes yeux.

Et des larmes non retenues ont coulé
Sur mes mains, mais n'ont pas corrodé
Les barreaux d'acier que tu m'avais construits.

Or un jour, j'ai pleuré ma liberté,
J'ai imploré ta passion,
J'ai voulu ta ferveur...

Assommé, je gis encore de cette demande.

Tu as laissé la grotte froide
Et vide des gouttes cristallines
que j'avais transpirées.
Mais les barreaux ont fondu,
Ma cessité s'estompe
La lave durcit
Et les larmes se figent sur mes mains roides.
Mes lèvres gercées balbutient ton nom
Et l'écho creux de la grotte
Transmet un cri si haut.

Quand donc les myosotis renaîtront
dans mon âme
ma dame ?

© Cyrille Deliry
Grenoble le 3 février 1990